Les Femmes dans le Sport : Gérer ses Règles en Compétition
Si vous faites partie des personnes qui ont leurs règles, vous savez à quel point il peut être difficile de simplement fonctionner pendant cette période. Votre routine de sport passe de l'intensité maximale à des étirements profonds (si tant est que vous ayez l'énergie de faire quoi que ce soit), et parfois, la seule chose qui semble aider à réguler vos émotions est de rester sur le canapé, accompagnée d'une réserve sans fin de friandises.
Et pourtant, les athlètes professionnelles sont censées donner le meilleur d’elles-mêmes quel que soit le jour du mois. Si votre compétition olympique tombe le deuxième jour de votre cycle (généralement le plus abondant pour la majorité des femmes), il n’y a pas d’échappatoire : il faut faire ce qui doit être fait.
Peu d’études se penchent sur le lien entre les performances sportives et le cycle menstruel, probablement parce que ce domaine, encore largement dominé par les hommes, n’accorde pas assez d’attention à cette problématique. Malgré une augmentation significative du nombre de femmes dans le sport, les entraîneurs et directeurs sportifs masculins occupent toujours la majorité des postes. Pour celles qui vivent cette réalité au quotidien, cela témoigne de l’inégalité qui persiste dans le milieu sportif féminin.
Rappel des Phases du Cycle Menstruel
Votre cycle menstruel est un processus complexe impliquant plusieurs changements hormonaux et ajustements corporels. Voici un aperçu des quatre phases et de leur impact sur les niveaux d'énergie :
- Phase Folliculaire : Cette phase dure environ 10 à 14 jours, à partir du premier jour des règles. Le taux d’œstrogènes augmente progressivement, ce qui contribue à un regain d'énergie et à une amélioration de l'humeur pour certaines femmes.
- Ovulation : Se produit généralement autour du 14e jour d’un cycle de 28 jours. Cette période est souvent associée à une poussée d'énergie et de désir sexuel, car c'est la période de fertilité maximale.
- Phase Lutéale : Dure environ 10 à 14 jours, de l'ovulation jusqu'au début des règles. Le taux de progestérone augmente, ce qui peut entraîner une baisse d'énergie et des symptômes prémenstruels (SPM), comme la fatigue et les sautes d’humeur.
- Menstruation : Dure généralement de 3 à 7 jours. Les niveaux d’œstrogènes et de progestérone sont au plus bas, ce qui peut provoquer des symptômes tels que des crampes et des fluctuations de l'humeur.
Chaque phase du cycle apporte des capacités physiques et émotionnelles différentes ; néanmoins, les athlètes n’ont pas toujours le luxe de ralentir ou de se reposer.
Comment les Athlètes Féminines Gèrent-elles leurs Règles ?
Après avoir participé au relais 4x100 mètres lors des Jeux Olympiques de 2016, la nageuse médaillée de bronze Fu Yuanhui a ouvertement déclaré que ses règles l'avaient rendue faible et fatiguée. Son commentaire a provoqué une conversation nécessaire sur la place des règles dans le sport féminin.
En réalité, de nombreuses athlètes professionnelles, notamment dans des sports où la minceur est privilégiée, souffrent d'aménorrhée, c'est-à-dire d'une absence complète de règles. Pour certaines, le cycle menstruel disparaît complètement, conséquence de l'exercice intensif et de l'insuffisance de repos et de graisse corporelle, ce qui peut être nocif pour leur santé reproductive.
Pour celles qui parviennent à maintenir un cycle régulier malgré le stress et les efforts physiques intenses, il existe des stratégies pour naviguer entre entraînement et compétition.
- Suivi du Cycle : De nombreuses athlètes suivent leur cycle menstruel pour anticiper leurs règles et adapter leur entraînement autant que possible en fonction de leurs niveaux d'énergie.
- Nutrition et Hydratation : Une alimentation riche en fer et en bonnes graisses aide à maintenir les niveaux d’énergie pendant les règles.
- Hygiène et Confort : Utiliser des produits menstruels de qualité, comme les tampons, les culottes menstruelles ou les coupes menstruelles, permet aux athlètes de rester à l'aise pendant l'entraînement.
- Gestion de la Douleur : Les douleurs menstruelles peuvent être atténuées avec des solutions comme la thermothérapie, les antidouleurs et des exercices d’étirement doux.
- Contraceptifs : Prendre des contraceptifs hormonaux est une pratique courante chez les sportives, car cela aide à contrôler la fréquence et l’intensité des saignements menstruels.
- Repos et Récupération : Il est essentiel pour les athlètes féminines de prendre en compte le besoin de repos pendant leurs règles pour éviter l'épuisement.
Cycle Menstruel et Risque de Blessure
Un autre aspect important est la susceptibilité des femmes aux blessures en fonction de leur cycle menstruel. Certaines recherches montrent que les performances athlétiques ne varient pas beaucoup tout au long du cycle, tandis que d’autres études indiquent que les sauts chez les athlètes féminines sont légèrement différents selon les phases du cycle.
Une étude menée par un club de la Women's Super League a révélé que, sur une période de trois ans, les joueuses avaient six fois plus de risque de se blesser musculairement avant leurs règles. Cela s'explique par les fluctuations hormonales qui modifient des paramètres comme la laxité, la force et le contrôle neuromusculaire.
Ces recherches montrent l’importance de mieux comprendre l’impact du cycle menstruel sur les performances, soulignant la nécessité de davantage d’investissements scientifiques dans le sport féminin.
Le Pouvoir de la Conversation
La quadruple médaillée olympique Laura Trott souligne l'importance de parler ouvertement des règles pour réduire le tabou autour de ce processus naturel du corps féminin. En encourageant les discussions et les recherches sur le sujet, nous pouvons améliorer la gestion des athlètes féminines, favoriser des environnements de soutien et permettre aux femmes de performer au mieux de leurs capacités, quel que soit le jour du mois.