L'histoire de la honte, ses effets néfastes sur les femmes, et comment s'en libérer
L’histoire de la honte, ses effets néfastes sur les femmes et comment s’en libérer
Nous connaissons toutes ces phrases par cœur :
- « Les filles ne font pas ça. »
- « Elle est facile. » « Ne sois pas coincée. » « Salope. »
- « C’est une “pick-me”. »
- « Elle est une femme de valeur. »
La honte et la misogynie imprègnent profondément notre climat social actuel, que l’on croit ou non aux progrès réalisés.
Pour espérer changer notre relation à la honte, comprendre pourquoi notre société est si prompte à juger les femmes, et saisir l’impact de cette attitude sur les plans personnel et collectif, il est nécessaire de revenir aux origines.
Ce sujet complexe et vaste ne peut être totalement couvert ici ; cet article vise à amorcer une réflexion sur notre culture de la honte et à encourager la poursuite de la recherche.
Qu’est-ce que la honte ?
La honte est une émotion complexe, souvent difficile à définir.
Le dictionnaire Oxford la décrit comme « un sentiment douloureux d'humiliation ou de détresse causé par la conscience d’un comportement inapproprié ou ridicule. »
La honte peut être confondue avec la culpabilité. Selon Brené Brown, il est essentiel de faire la distinction entre les deux.
Pour Mme Brown :
- Culpabilité : « Adaptative et utile — c’est prendre en compte nos actions face à nos valeurs et ressentir un inconfort psychologique. »
- Honte : « L'expérience intensément douloureuse de se sentir défectueux et, par conséquent, indigne d'amour et d'appartenance. »
Cette différence est cruciale pour comprendre pourquoi la honte est vécue différemment entre les genres. Les structures patriarcales et les rôles de genre traditionnels ont façonné la notion de honte, particulièrement chez les femmes.
Dans son livre Women’s Growth in Diversity, la Dr Judith Jordan note que les hommes ressentent davantage de culpabilité, tandis que les femmes ont tendance à intérioriser la honte, ce qui altère leur image d'elles-mêmes.
D’où vient la honte ?
Les origines de la honte remontent aux premières civilisations humaines et ont évolué avec les développements sociaux, religieux et philosophiques.
Les religions monothéistes fournissent certains des premiers exemples d'utilisation de la honte pour imposer des normes morales et sociales au sein d'une communauté.
Par exemple, l'histoire biblique d'Adam et Ève présente une vision genrée de la faute et de la punition, marquant le début d'une longue tradition d'histoires visant à imposer des rôles genrés stricts. Des événements comme les chasses aux sorcières entre les 15e et 18e siècles illustrent comment la honte était utilisée pour contrôler la sexualité, l'expression personnelle et l'autonomie des femmes, sous la menace de la violence.
Conséquences de l’intériorisation de la honte
L'intériorisation de la honte peut avoir des répercussions graves sur la santé physique et mentale.
Brené Brown souligne que la honte est souvent liée à des troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété, les troubles alimentaires, le SSPT et la toxicomanie. La honte peut provoquer un isolement et une autocritique qui déconnectent les femmes de leurs aspects sains et les enferment dans un cycle de sous-estime d’elles-mêmes.
Le Dr Judith V. Jordan décrit la honte comme un sentiment d'indignité, de non-appartenance et de désir de connexion, qui peut avoir des effets destructeurs sur l’image de soi et la confiance en soi.
Comment se libérer de la honte
Surmonter la honte peut être difficile, mais c'est un processus transformateur.
- Comprendre l’histoire de la honte : En se familiarisant avec l'origine sociologique et psychologique de la honte, nous pouvons développer une conscience de soi et commencer à remettre en question pourquoi nous laissons ces « règles » influencer nos sentiments envers nous-mêmes.
- Identifier les déclencheurs de la honte : Reconnaître les moments où nous ressentons la honte nous permet de sortir de ce cycle et de rejeter les croyances héritées sur nous-mêmes et les autres.
- Pratiquer la compassion envers soi-même : La bienveillance envers soi-même nous rappelle que nous sommes toujours dignes de soin, de liberté, d’expression et de réussite. Relisez cette phrase.
En redéfinissant notre rapport à la honte, nous nous rapprochons d'une vie plus épanouie et authentique.