C'est la Journée Mondiale de la Santé Sexuelle

Au cas où vous ne le sauriez pas, septembre est le Mois de Sensibilisation à la Santé Sexuelle, et aujourd’hui est la Journée Mondiale de la Santé Sexuelle. Bonne journée à toutes et tous ! Peut-être n’est-il pas trop tard pour informer votre patron que vous prendrez cette « fête » comme jour de congé.

Pour marquer le coup, revenons sur le long chemin que notre société a parcouru pour évoluer dans sa perception de la sexualité. À travers l’histoire occidentale, le sexe a souvent été mal perçu : vu comme un moyen de procréation, un acte réservé aux hommes, ou même comme un péché. Mais heureusement, les choses ont bien changé ! En 2024, nous sommes totalement libérés et acceptons les choix de chacun sans honte ni stigmatisation.

(Enfin… pas tout à fait. La culture occidentale a encore du chemin à faire sur le sujet.)

Voici donc un voyage dans le passé de notre héritage collectif autour du sexe et des tabous associés.

Préhistoire (avant 3000 av. J.-C.)

L’anatomie humaine n’a pas beaucoup changé au fil du temps, donc la plupart des scientifiques et des historiens pensent que si nous pratiquons le sexe pour le plaisir aujourd’hui, il en était probablement de même à l’époque. Comme l’a déclaré le professeur David Buss dans un article de Live Science, « Les humains, et même tous les animaux, sont biologiquement programmés pour chercher le sexe. »

Temps Anciens (3000 av. J.-C. à 400 ap. J.-C.)

• La Grèce Antique : La culture grecque ancienne était très libérale en matière de sexualité. Les Grecs acceptaient l'homosexualité, considéraient certaines formes d'amour comme les plus pures et prônaient la liberté sexuelle. Cependant, le plaisir des femmes restait peu considéré et le sexe pour les femmes était surtout lié à la procréation.
• Rome Antique : Avant la christianisation de l'Empire, les Romains partageaient une vision libérale de la sexualité. La prostitution était répandue, les relations homosexuelles étaient acceptées, et le contrôle des naissances faisait débat. Mais la vision du plaisir féminin restait toujours négligée.

Moyen Âge (400 à 1400)

Avec l’expansion du christianisme, la sexualité devient fortement associée au péché. Le plaisir sexuel en dehors du mariage est condamné, et des pratiques comme la masturbation, les relations homosexuelles et même certaines positions sexuelles deviennent des « péchés » sévèrement punis.

Renaissance (1400 à 1600)

La Renaissance voit un retour de la nudité dans l’art et une relative tolérance envers l’homosexualité dans certains milieux. Cependant, la sexualité reste globalement régie par les valeurs religieuses de l’époque. L’idée de « perversion sexuelle » commence à se répandre.

Période Moderne (1600 - 1800)

• Les Lumières : Avec la montée de l’esprit scientifique, la sexualité devient un sujet d’étude. Des ouvrages remettent en question l'idée que le plaisir féminin est anormal, et la sexualité commence à être perçue sous un angle plus naturel, bien qu’encore marginalisée.
• Période Romantique : La période romantique valorise la sexualité comme un aspect émotionnel et passionné, centré sur l'amour et le couple. Le sexe avant le mariage est relativement fréquent, et la sexualité est même vue comme bénéfique pour la santé.

Époque Victorienne

La société victorienne prône la chasteté et condamne la sexualité ouverte. Les relations sexuelles sont limitées au mariage, et les femmes sont largement désexualisées. Le sexe pour le plaisir féminin est ignoré, et la sexualité féminine librement exprimée est stigmatisée. C’est l’époque des doubles standards et de l'hypocrisie sexuelle : la prostitution est courante, mais les femmes sont sévèrement jugées.

Fin des Années 1800 / Début des Années 1900

Les premiers sexologues comme Sigmund Freud contribuent à une meilleure compréhension de la sexualité, mais la société reste prudente et peu ouverte. Les premières études se concentrent surtout sur la sexualité masculine.

Les Années Folles (1920)

Les années 1920 apportent une certaine libération sexuelle. Le sexe avant le mariage devient plus courant, les méthodes contraceptives se répandent, mais les doubles standards subsistent. Les femmes qui expriment leur sexualité sont souvent vues comme des tentatrices ou des « vampes ».

Les Années 40 / 50

Après la Seconde Guerre mondiale, le plaisir féminin reste un mystère et les femmes sont souvent objectivées. Le sexe en dehors du mariage reste un tabou, et les représentations des femmes se concentrent sur leur apparence physique plutôt que sur leur plaisir ou leur désir sexuel.

Révolution Sexuelle des Années 60 / 70

Les jeunes générations se révoltent contre les normes et promeuvent le « free love ». Pour la première fois, le plaisir féminin est mis en avant. Mais les préjugés restent tenaces : les hommes sont valorisés pour leurs expériences multiples tandis que les femmes sont critiquées pour les mêmes comportements.

Les Années 80 / 90

L'épidémie de SIDA des années 80 freine la libération sexuelle des décennies précédentes. La peur et le manque d’informations sur la maladie entraînent une stigmatisation accrue des relations homosexuelles, alimentant l’homophobie. Les années 90 voient une hypersexualisation des femmes, mais les doubles standards perdurent, avec des jugements différents selon le genre.

21e Siècle

Aujourd'hui, la sexualité est la moins stigmatisée de l'histoire moderne en Occident. Les discours sur le plaisir féminin et l’égalité sexuelle sont de plus en plus présents, portés par des médias, des films et des séries axés sur des perspectives féminines et diverses.

Aujourd’hui

Si des progrès ont été réalisés, il reste du chemin à parcourir pour atteindre une véritable égalité et libération sexuelle. Des études récentes montrent encore des jugements moraux liés au nombre de partenaires, bien que les hommes commencent eux aussi à être jugés. Nous espérons que la prochaine décennie verra l’acceptation du plaisir et des choix de chacun(e), quels que soient leur genre ou leur sexualité.

Nous avons encore du travail à accomplir, mais avec plus de discussions, d'éducation et des initiatives comme le Mois de la Santé Sexuelle, nous sommes sur la bonne voie.